Il y a eu de nombreux moments d’émotion lorsque Lili Leignel, 92 ans, est venue témoigner de son enfance et de sa déportation de 1943 à 1945, au siècle dernier, sous le régime nazi en Europe. Lili (Keller – Rosenberg) est née dans une famille juive hongroise de trois enfants à Roubaix, juste de l’autre côté de la frontière belge. Ses expériences d’enfant, son expulsion et son retour via la Belgique ont touché de nombreux cœurs dans la salle de sport de l’Athénée Royal Fernand Jacquemin et ont peut-être encouragé la tolérance entre les différentes confessions et peuples.
Histoire de la vie.
Enfants, ils furent placés dans une famille pendant l’occupation jusqu’au 27 octobre 1943 à trois heures du matin. A ce moment, toute la famille était alors déportée à la prison de Loos, puis par un détour à la prison de Sint- Gilles (Bruxelles) pour être conduit à la caserne Dossin à Malines où les SS flamands maintenaient l’ordre. Elle-même, avec sa mère, son frère et sa sœur, a été emmenée au camp de concentration pour femmes de Ravenbrûck en Allemagne où elles ont été déshabillées, examinées à la recherche de corps étrangers. Ils ont dû revêtir des vêtements gris-bleu et ont reçu leur numéro de camp, à retenir (25612), qu’ils gardèrent par cœur pendant toute la durée de la déportation. Il y avait aussi une grande puanteur qui s’expliqua plus tard par la forte mortalité dans le camp où les morts étaient jetés dans de grandes fosses. Ils devaient survivre dans de grandes casernes de trois étages. Après un autre voyage en train dans des wagons à bestiaux, ils furent finalement transportés au camp de concentration de Bergen-Belsen. Là, tous les prisonniers devaient travailler pour les nazis qui étaient toujours sous la surveillance de dangereux bergers, les enfants étaient séparés de leurs mères et il n’était donc pas surprenant que des enfants disparaissent occasionnellement, provoquant d’immenses drames humains.
Libération
Le camp fut finalement libéré le 15 avril 1945 par les troupes d’élite anglaises qui prirent soin des nombreuses victimes et des malades. Même la nourriture fournie ne pouvait être consommée qu’à la pièce, ceux qui étaient trop gourmands devaient généralement la payer. Finalement, les enfants se sont retrouvés à Bruxelles Nord et de là à Paris, où ils ont été placés orphelins à l’hôtel Lutetia, qui existe encore aujourd’hui, en attendant que la famille soit retrouvée. Elle a été récupérée par une tante ravie qui a également réussi à retrouver leur mère par l’intermédiaire de contacts, grâce auxquels ils ont été réunis. Cependant, quelque temps plus tard, il a également été rapporté que son père n’avait pas survécu à sa déportation vers Buckenwald, car une semaine avant la libération du camp, il était toujours enfermé avec ses codétenus.
Décision
Une rencontre émouvante avec une dame courageuse qui a encore en elle la flamme de prôner la paix et la tolérance entre les peuples et de faire passer le message que l’Europe doit aussi surveiller de près l’arrivée des extrêmes car son slogan reste : partout où on me le demandera, je le ferai. Raconter à la France, à la Belgique, aux Pays-Bas, à l’Angleterre, voire à l’Allemagne et à l’Europe entière mon expérience de la tragédie inhumaine qui est arrivée à des millions de personnes pendant la Seconde Guerre mondiale.
En guise d’adieu final, elle a chanté a capella les chansons féminines chantées pendant la période du camp en néerlandais, tchèque, hongrois, allemand et bien sûr en français, sa langue maternelle, ce qui lui a valu une standing ovation. Au milieu de nombreuses émotions et larmes, elle a reçu de nombreux cadeaux et fleurs pour sa déclaration courageuse.
Info et photo Zenon B.


